Aussi incroyable que ça puisse paraitre, depuis tant d'années que je vais de salles en salles en France et en Belgique, je n'avais jamais été à De Kreun, pourtant à 30 minutes à peine de chez moi.
L'occasion fait le larron, les japonais de Boris jouaient là bas ce soir. Et aussi incroyable que ça puisse paraitre, eux non plus je ne les avais jamais vu (genre le mec blasé qui a tout vu tout fait).
Bref, une bonne salle, acoustique respectable tout ça, j'y retournerai avec plaisir. Mais c'est pas ça le plus important. Après avoir eu le temps d'apprécié l'avalanche de tubes qu'on nous a foutu dans la salle pour patienter (du Om majoritairement), le concert démarre enfin.
Gros bourdonnement pendant plusieurs minutes, et la scène est recouverte d'une épaisse fumée blanche, celle-ci se dissipe un peu et l'on aperçoit le trio nippon prêt à en découdre, ils balancent donc une intro de concert dantesque, gros son ce soir (il faut dire qu'il y a un véritable mur d'amplis sur scène, et de l'ampli de premier choix : du Orange, du Marshall, du Ampeg, du Sunn etc...), à cet instant je suis plutôt au fond de la salle et la basse est tellement puissante que le sol tremble littéralement sous mes pieds et pourfend la salle de part en part. Génial. Le tout est toutefois un peu fort pour être mixé correctement et les premières minutes c'est même un peu de la bouillie, vraiment dommage.
Après cette intro très drone qui donne le ton, le groupe enchaine avec un titre plus posée, guitare avec reverb à fond et la jolie voix de Wata. Wata en totale opposition avec le reste du groupe d'ailleurs, Atsuo est un peu foufou sur sa batterie, il aime crier "yeah" quand il prend son pied, il monte sur ses futs, théâtralise parfois son jeu, bref est totalement dans le trip rock 'n roll. Takeshi plus discret, concentré sur son intrument (guitare à double manche : un de guitare, un de basse) qui trippe dans son coin... et Wata donc, elle a un vrai look de poupée, toute menue et mignonne, elle bouge rarement d'un poil, et pourtant elle balance des vrais riffs de boucher avec un son de malade ultra-puissant, c'est vraiment fun un tel décalage.
Le public devient vraiment chaud là, et Boris flaire le bon coup, alors ils balancent un de leurs tubes : Ibitsu, la réaction ne se fait pas attendre, tout le monde bouge la tête en rythme. Dans le même temps quelques petites natures ont capitulé devant l'agression sonore dûe au volume indécent et du coup je me retrouve dans les premiers rangs, assez proche pour tout prendre dans la gueule et tout voir.
Le groupe enchaine deux ou trois morceaux issus de "Pink", très stoner ou doom mais plus classique, avec des parties vraiment 70's. Le son est réellement immense ce soir, le volume est certes agressif, mais quel son mes amis, quel son ! il rentre par les oreilles et vous possède tout entier, les longues nappes de drone vous portent littéralement, vous flottez, ça en devient obsédant, et quand le morceau s'arrête, vous n'avez qu'une hâte : que ça recommence.
Boris enchaine encore quelques compos, entre le doom, la drone et même une sorte de post-metal ambient.
Les deux derniers morceaux sont même dans un style très planant. Le premier est presque une leçon de post-rock, un morceau qu'on pourrait même croire volé à leurs compatriotes "Mono" même s'il n'y a pas exactement la même approche mélodique, mais c'est une sorte de "grande musique electrique" comme ça, le final est énorme, Atsuo martelle son gigantesque gong comme un malade...
Puis le dernier morceau, un truc bien gras, bien doom et bien drone comme ils aiment le faire. 3 ou 4 notes répétées pendant de longues minutes, répétitif à mort, jouissif à mort, et même plus, j'entre totalement dans le jeu, et après un coup d'oeil à mes voisins je ne suis pas le seul... grosse montée, puis Atsuo après avoir longuement salué le public, se tire de scène, bientôt suivi par Takeshi qui termine son concert par des élucubrations à la basse assez géniales. Enfin Wata termine seule sur scène, toujours à jouer son riff.. puis elle repasse en son clair, le temps d'un dernier frisson...
c'est fini
le temps d'un "thank you" lancé timidement par Wata et ils sont déjà parti... Moment inoubliable, premier concert de Boris, un groupe qui me plait vraiment de part la diversité qu'il sait manier à bon escient, et ce soir ils l'ont encore démontré. Seule ombre au tableau : l'absence de "Huge" et "Ano onna no onryou" dans la set list, mes deux morceaux favoris. Mais franchement, le concert a été excellent ce soir et je ne suis pas déçu
Veni, Vidi, Ravi
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