Un rendez vous un peu particulier ce soir au Grand Mix avec des artistes d'horizons différents qui jouent ensembles. La scène a été installée au milieu de la salle, ce qui réchauffe un peu l'ambiance par rapport à la configuration habituelle et qui correspondait assez bien à l'ambiance de la soirée.
Après les 20 minutes de retard syndicales, un p'tit bonhomme au crâne rasé se pointe sur scène et se présente enfin... "Salut euh.... on m'appelle Joe Lally..." Et c'est une vraie légende, faut-il le rappeler bassiste de Fugazi qui se présente à nous ce soir pour jouer ses compositions. Un peu étonné par l'arrivée simple de Joe le public reste d'ailleurs un peu estomaqué et un peu froid aux quelques blagues de Joe. Il est très vite rejoint par le trio italien de Zu : un batteur, un deuxième bassiste, et un saxophoniste (qui se fera malgré tout assez discret sur les compositions de Joe Lally).
Joe sait marier les influences, du rock et du jazz principalement, avec deux basses qui se marient parfaitement, Joe Lally et Massimo Pupillo nous démontrent d'ailleurs leur dextérité exemplaire à la 4 cordes même si l'italien joue aussi beaucoup avec ses effets pour construire une ambiance sonore autour des riffs balancés par Joe.
De la musique avant-gardiste aussi par ci par là, même si on ne peut pas dire que Joe Lally laisse aller ses élucubrations très loin, ça fait tout de même voyager un peu. Et puis un gros côté Dub aussi sur la fin du set.
Joe Lally, un peu intimidé par cette ambiance intimiste et ce public qui respecte ses paroles sans faire le moindre bruit lorsqu'il raconte quelquechose se lance fréquemment dans quelques histoires dont il a le secret, à propos de l'ours en peluche de sa soeur par exemple, et puis se livre même à un exercice a capella sans micro au milieu du set.
Le groupe reste malgré tout assez sobre derrière lui, Massimo Pupillo avachi sur sa chaise, expérimente sur sa basse sans rien dire, Luca Mai lace ses nappes de saxo sans broncher, et Jacopo Battaglia est probablement le plus impressionnant des trois, d'une polyvalence rare, il mitraille ses futs, tape également sur le caisson de retour (et par la même occasion exhibe un magnifique tee shirt du fan club italien de Fantômas) d'une frappe pure, et d'une communication avec le public excellente, il prend même quelques fois la place de Joe Lally pour annoncer les morceaux.
Joe Lally terminera sa prestation sur un morceau on ne peut plus Jazzy. Puis saluera le public et s'en ira aussi discrètement qu'il est arrivé.
"Y a un italien dans la salle ?
_Ouaiiiiiiiiiis
_De toute façon y a toujours un italien dans la salle...."
Et ce soir nous étions tous italiens. Zu a tout simplement tout défoncé. Je les avais déjà vus en première partie du FantômasMelvins Big Band à Bruxelles et le mauvais son avait baclé le concert. Alors je me suis positionné parfaitement en plein milieu au premier rang. Et j'ai pris une grosse claque.
Les compositions sont tranchantes, complètement barrées, destructurées... Luca Mai n'a plus ce sont de bouillie saxophonesque de Bruxelles mais un son bien équilibré qui relève la sauce de la section rythmique. Jacopo Battaglia... tout simplement inhumain, il maltraite ses futs pendant toute la durée du concert, est d'une rigueur absolue, ce mec est un métronome ambulant, qui en plus se permet d'être le showman du groupe malgré sa position de batteur. Et puis il y a Massimo Pupillo.... un bassiste juste possédé, habité, qui enchaine les accords impossibles sur sa basse et les sonorités les plus bruitistes qui soit, aidé simplement de 3 pédales d'effet.
Un groupe techniquement au summum, qui transmet une énergie débordante, et qui se permet même de se moquer des clichés de la musique experimentale et avant gardiste lorsqu'ils s'amusent à jouer entre eux sur scène. Simplement prodigieux. On comprend mieux pourquoi le trio est rapidement devenu un des protégés de John Zorn qui ne manque pas une occasion de rappeler qu'ils sont géniaux.
Le groupe est d'ailleurs rappelé par un public qui ne demande qu'à en prendre plus dans la tronche... et Zu en a dans le réservoir, Massimo grossit son son, Jacopo donne tout ce qu'il a dans les tripes histoire de nous finir en beauté... Massimo comme habité par les dieux de l'acouphènes décroche son jack, balance sa basse et se lance dans un délire bruitiste plein de rage en balançant le jack à travers tout pendant 5 minutes, bientôt suivi de Luca sur le côté gauche de la scène... puis chose improbable à laquelle je ne m'attendais pas (je pensais que c'était la fin), il rebranche sa basse et le groupe repart pour encore une minute d'un jazzcore phénoménal, dantesque, sans pitié.
en un mot : Bravo.
Enfin DJ Rupture et Andy Moore. Après le rouleau compresseur Zu difficile de passer, et d'ailleurs la musique est mal... passée... DJ Rupture balancant des instrus electro planantes et Andy Moore (de The Ex) torturant une guitare déjà toute explosée pour en sortir des sonorités bruitistes.
Sans réel intéret, pas de vrai concept si ce n'est celui d'avoir un concept à tout prix, alors forcément c'est le serpent qui se mord la queue. On s'ennuie très rapidement, ça ne décolle pas, on ne voit pas trop où ils veulent en venir, et le seul intéret du concert se résume vite à la curiosité de guitariste pour ma part, à observer comment Andy Moore arrive à sortir des sons aussi bizarres de sa gratte.
Pas franchement mémorable.